Comme des promoteurs de concours de beauté, les initiateurs de Abidjan perle de lumières, avaient réussi à justifier leur «brillante» initiative. Les prétextes étaient tout trouvé pendant la première édition : redonner le sourire aux ivoiriens qui sortaient de plusieurs mois de crise, montrer qu’il y avait encore matière à espérer… Déjà à l’époque, j’avais eu du mal à saisir le bien fondé de la démarche. Armée de mon clavier, j’avais exprimé mes préoccupations et mes doutes.
Quel sourire quelques ampoules pouvaient-elles faire germer sur les visages de personnes dont les parents étaient morts, emprisonnés ou en exil ? Quel espoir des feux d’artifices pouvaient-il faire naître en un homme affamé et appauvri par la guerre ? Quel plaisir à éclairer à coup de millions des bâtiments défraîchis et tombant en décrépitude comme la pyramide, au lieu de penser à les rénover ou tout le moins à leur faire un lifting à la peinture ? Je n’ai pas jugé utile d’effectuer le déplacement. Cet argent à mon avis avait été gaspillé, même s'il venait des poches d'un sponsor. Il avait été jeté à travers les mêmes fenêtres d’où on avait déjà défenestré tant de milliards de nos francs en futilité.