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mercredi 12 octobre 2011

LES PETITES HISTOIRES DE YEHNI N°11

L’argent est un mauvais conseiller. Celui qui l’écoute, le fait à ses dépends. Quand on se donne le droit de changer le destin d’une personne par cupidité, il faut être prêt à en assumer les conséquences. 

Mon cher Sylvain,

Tu es surpris n’est-ce-pas, car je connais ton vrai nom. Tu es Sylvain Koré au lieu d’Alain Aboussouan comme tu as voulu me le faire croire. Je ne suis peut-être pour toi qu’une conquête d’une nuit, une inconnue là au bon endroit au bon moment pour satisfaire tes désirs refoulés. Mais je te connais depuis un an maintenant. Et depuis six mois déjà je m’intéressais particulièrement à toi. Notre rencontre dans cette boîte de nuit n’était pas le fruit du hasard détrompes toi. Je l’ai soigneusement préparée, calculée et engendrée.

J’avais remarqué depuis longtemps que c’était ton endroit de prédilection pour draguer. J’avais étudié tes habitudes et toutes tes petites manies. Je t’ai aguiché en toute conscience et je tiens aujourd’hui à t’expliquer pourquoi, après notre nuit d’amour.

Souviens-toi l’année dernière, une jeune fille venue se faire vacciner dans le centre de santé où tu exerçais. Il faisait tard je le reconnais. Je devais effectuer un voyage et j’avais urgemment besoin de faire trois vaccins. Je devais partir très tôt le lendemain matin. Non seulement tu m’as pris plus d’argent, mais j’ai trouvé tes instruments assez douteux. « C’est sans danger m’as-tu dit ! ». Il faut croire que tu avais tord.




Quelques mois plus tard, je bénéficie d’une bourse pour aller étudier en Europe. Mon pays d’accueil exige le test du dépistage. Pour moi, c’est une simple formalité ! Je découvre alors, que mon test est positif. C’était absolument impossible ! Je l’ai refait dans trois clinques différentes ! A chaque fois, le résultat était le même. Une semaine entière, j’ai pleuré. Tous mes rêves tombaient à l'eau. Mon avenir était brisé. Les idées les plus macabres me traversaient l'esprit. Mais mon obsession était de savoir comment ? Oui, comment moi vierge, sans comportement particulièrement à risque pouvais-je avoir attrapé ce sale virus ?

J’ai cherché dans ma tête ; fouillé dans ma mémoire et j’ai trouvé. Je me suis rappelée alors de cette scène et j'ai résolu de me venger. J’ai fait mon enquête. Et j’ai découvert que tu n’étais même pas un infirmier ! Tu n’étais qu’un simple technicien de surface, un simple nettoyeur qui avait profité de l’absence des infirmiers pour gagner quelques sous ! J’étais atterrée.

Comprends-tu maintenant pourquoi j’ai refusé le préservatif cette nuit. Comprends-tu pourquoi je me suis montrée aussi insatiable ? Toi trop heureux tu n’as pas insisté. Eh bien, je suis séropositive et j’espère t’avoir transmis ce virus. C’est le prix de ta bêtise et de ta cupidité. C’est le prix de ton irresponsabilité.

Une jeune fille condamnée à mort par ta faute.

12 commentaires:

  1. je pense que c'est tout aussi malhonnête de répondre à la malhonnêteté par la malhonnêteté.

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  2. Wow, ça fait froid dans le dos. Mais en même la question que je me pose c'est : "Cette vengeance était-elle nécessaire, de la part de la jeune fille?"
    Il est vrai que l'homme en question a mal agit mais...

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  3. loool! Moi je crois que toute se paye sur terre avant de se payer au ciel! Je crois que l'homme est plus coupable parce que la fille n'est pas dans son état normal, elle a subit un traumatisme!! looool!

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  4. Méchanti, méchanti, méchanti... On ne rend pas le mal par le mal, mais elle a eu tellement mal qu'elle n'a pas eu de mal à le lui rendre. Humm méchanti, méchanti, méchanti...

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  5. Triste fin pour deux assoiffés, l'un d'argent et de sexe; l'autre de vengeance. Et si l'homme était déjà séropositif, l'acte a-t-il vraiment servi?

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  6. Emmanuel Mansilla13 octobre 2011 à 11:01

    pour citer Massa Makan Diabaté dans "le boucher de Kouta" : "Plus la patience est grande et plus belle est la vengeance." elle a pris son temps pour peaufiner la sienne, sa riposte, mais au final que reste il ? de la satisfaction ? j'en doute fortement, la vengeance n'a jamais comblé le gouffre de la blessure et du désespoir, elle n'est qu'une plante épineuse qui se nourrit de la chaleur de notre cœur et après son passage, il ne reste plus que des sillons desséchés mais comme Gandhi l'a aussi dit : "Si nous entretenons dans notre coeur la malice et la haine et que nous faisions semblant de ne pas vouloir la vengeance, celle-ci devra faire retour sur nous, et elle nous conduira à notre perte." alors je ne peux certes pas le cautionner mais encore moins le blâmer tel est mon avis

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  7. Que pourrais-je te dire que tu ne sais déjà? Je suis ton plus grand fan Yehni, tu es la meilleure, en tout cas pour moi. Tu écris, avec colère, poésie, amour, malice, tu t'écris, pour dire que tu écris avec tes tripes, tu ressens ce que tu écris, et vice versa, bien que tu ne sois pas concernée personnellement par tes "petites histoires", mais c'est difficile de croire le contraire...

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  8. je viens de decouvrir ta plume et j'avoue que je suis sous le charme: t'écris merveilleusement bien!!!
    merci pour cet instant de pur bonheur

    ps: nul n'a le droit de juger son semblable, elle a fait ce qu'elle a jugé nécessaire pour elle. elle assumera les conséquences de son acte tout comme lui est en train de découvrir les conséquences des siens... tout se paye sur cette terre des hommes

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  9. Belle histoire qui donne froid dans le dos

    Je suis tombée sur ton blog par hasard (grâce à ton article sur les premières dames africaines).
    Je suis rapidement devenue fan.
    Tu écris très bien, tu es une ancienne de Sainte Marie comme moi et en plus tu as de vraies valeurs.
    Je m'inquiétais du devenir de la jeunesse ivoirienne mais avec les personnes comme toi je sais que la relève est assurée.
    Vivement la lecture de ton roman

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  10. @Macmady; joli jeu de mot! lol!

    @Pélé Yéo: La seringue était contaminée! On ne sait pas si le monsieur est séropositif! Si c le cas! c dommage pour les deux parce qu'ils peuvent aggraver leur état.

    @Emmanuel Mansilla: Très beau commentaire!

    @Boni P: Merci! Tu fais bien de préciser que les petites histoires de yehni ne sont pas des autobiographies!! loool!

    @Michelle A:Merci! Je partage ton avis! Tout se paye sur terre avant d'aller payer au ciel!

    @Anonyme:C'est toujours un plaisir de lire une de mes sœurs de Sainte marie! Merci bcp!

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  11. Ouhhh...La vilaine ... Je pense que parmi les deux personnes...C'est elle qui est la plus à plaindre....Car la vengeance est comme une bête qui se lamente dans les déserts froids et arides de nos coeurs... Tant qu'on s'en débarrasse pas...son chant sinistre nous mortifie l'âme...

    Mais en même temps, j'aime les méchants et les personnages torturés... Bravo Yehni!

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