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vendredi 12 août 2011

LES PETITES HISTOIRES DE YEHNI N°9

 LES FORNICATEURS

Nous étions trois amis : Sam, Georges et moi. On nous appelait les fornicateurs et nous portions bien ces surnoms.

Tout a commencé quand nous étions en classe de seconde.  Sam était amoureux d'une fille de l'école, mais il avait des scrupules à aller lui parler. Nous l'avons encouragé, rassuré, en vain. Un petit défi assaisonné d'une bonne dose de moquerie et de : " tu n'es qu'un lâche, tu n'y arriveras jamais!" , a réussi à lui donner le courage et les ailes pour poursuivre cupidon, voler une flèche dans son carquois,   et la planter personnellement dans le coeur du charmant objet de sa convoitise, qui succomba. Et puis, je ne me rappelle plus très bien comment, nous nous sommes tous retrouvés entrain d'accumuler les conquêtes féminines.

Chacune après être passée dans notre lit, voyait son nom marqué sur notre tableau de chasse. C’était une grande feuille blanche en format A3, qui comportait trois grandes colonnes. Chaque colonne portait nos noms respectifs comme entête et en dessous, celui de nos conquêtes. A notre première année universitaire, nous avions déjà passé la barre des 200, chacun. Ce style de vie nous plaisait et nous nous vantions d’avoir fait tomber les filles les plus coriaces et les plus chastes. Les filles de pasteur, considérées comme étant les plus prudes, n’étaient pas épargnées et étaient même très prisées. Nous ne nous préoccupions nullement de ce que ces filles là devenaient.  C’était avec joie que nous découvrions parfois, que nous avions la même fille dans nos colonnes respectives. Nous nous lancions alors dans des comparaisons de performances avec force détail graveleux; nous étions pathétiques, et plus pathétique encore, nous ne le savions même pas.



Et puis, Sam est allé aux Etats-Unis, pour continuer ses études. Les grèves universitaires commençaient à être plus fréquentes que les cours dispensés par les professeurs. Ses parents avaient les moyens de lui faire poursuivre ses études à l'étranger, pourquoi s'embourber ici? La distance aidant, internet n'étant pas encore aussi vulgarisé qu'aujourd'hui, les appels téléphoniques se sont faits de plus en plus rares. Nous nous sommes perdus de vue.

Georges et moi, avons continué à porter haut le flambeau. Nous étions inséparables.  George est tombé malade. Le rétablissement a été rapide. C'était donc un mal anodin. La vie continuait son cours, rythmée par nos prouesses donjuanesque, quand George est retombé malade. Le rétablissement fut plus long à venir et  marqua le début d'une longue série de va-et-vient entre sa maison et l'hôpital, avec à chaque fois plus de temps passé à l'hôpital et moins d'argent dans le compte en banque de ses parents.  Il s'amaigrissait à vue d’œil. Deux ans plus tard, il mourrait du Sida sur un lit miteux des maladies infectieuses. Ce fut un véritable choc pour moi. C'était tout un pan de ma vie qui venait de s'effondrer.

Après avoir longtemps porté le deuil de mon ami, j'ai pris enfin conscience de la stupidité de notre comportement, et des risques auxquels nous nous exposions bêtement. Le Sida était pour nous une utopie. On l'appelait même en rigolant: Le Syndrome Inventé pour Décourager les Amoureux. Nous avions plein de préservatifs dans nos portefeuilles, pour frimer auprès des amis et leur montrer que nous avions du succès avec les femmes, que nous savions leur parler et les emballer. Nous ne les utilisions pas.
C'était un peu comme ces macarons que les élèves portent fièrement sur leurs uniformes et qui permettent d'identifier du premier coup d'œil, à quelle école ils appartiennent. Pour nous, un préservatif dans un portefeuille signifiait: "il est toujours prêt celui là!" ou "C'est un garçon pile".

J’ai déchiré non sans regret, les dix feuilles sur lesquelles figuraient les preuves de notre triste vie de débauche. Et, j’ai donné ma vie à Dieu.

Après deux ans de pratique assidue de la religion chrétienne, j’ai éprouvé le doux besoin de me marier. A mon âge, 32 ans, et avec mon passé, la vie de chasteté me pesait durement. Je me sentais près à fonder ma famille. Le meilleur choix était la chantre Sidonie.
Pieuse, intelligente, elle était plus fréquente à l’église que le pasteur lui-même. On disait qu'elle tenait cela de son propre père, un évangéliste décédé quelques années plus tôt, qui avait su inculquer à ses enfants, l'amour des choses spirituelles.
Elle accepta  de m’épouser sans trop de difficultés. Elle m'aimait aussi! Le zèle de la maison du Seigneur nous dévorait également. Un an de mariage ! Pas d’enfant ! Rien de bien dramatique. Puis deux, puis trois. Je me suis décidé à faire des examens complets. Contrairement à certains africains à la mentalité archaïque, je savais bien que je pouvais être responsable de cette situation. Je ne croyais pas si bien dire !

J’étais ne parfaite santé, mais ma femme n’avait pas d’utérus. Enfin, elle n’en avait plus, après qu’on le lui ait retiré, suite à un avortement qui avait mal tourné. Ma chrétienne fervente de femme avait innocemment omis de mentionner ce fait pendant nos brèves fiançailles. Déçu, choqué, désabusé et en colère, j’ai convoqué une réunion avec le pasteur. Elle a avoué alors, avoir dû faire un curetage quand elle était plus jeune. Elle s’était retrouvée enceinte d’un jeune homme irresponsable, qui avait nié catégoriquement, avoir eu des relations quelconques avec elle. Elle n’avait pas eu le choix. Son père l’aurait tué s’il avait su. Je me suis évanoui quand j’ai entendu le nom du jeune homme dont il était question. C’était Sam, mon ami d’enfance, l’un des fornicateurs.

3 commentaires:

  1. Sam, mon "ami" d'enfance, l'un des fornicateurs.
    Je me prénomme Samuel. Malheureusement ou heureusement ??? C'est une fiction...

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  2. bonne narration!
    ca donne la chair de poule ca!
    nanok120

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  3. voilà une histoire à publié à grande échelle ds ttes les écoles, universités, et autres campagnes de sensibilisation sur le Sida. tout y est

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