La Météo avait annoncé un temps "particulièrement ensoleillé sur toute l'étendue du littoral ivoirien". Il avait plu et Hassan était arrivé trempé à son entretien d'embauche. Il tenta de faire une blague sur l'augmentation de l'activité des glandes sudoripares chez les demandeurs d'emploi. Le recruteur ne rit pas. Sa lèvre supérieure frémit légèrement sous sa moustache épaisse. Le coeur amer, Hassan quitta le petit bureau sobrement décoré en laissant une large marque foncée dans le fauteuil.
S'il avait su qu'il aurait eu autant de mal à trouver un emploi, il n'aurait jamais quitté l'ancien. Bon, on l'avait renvoyé. Mais le résultat était le même. Hassan avait une grande "qualité-défaut": il était épidermique.
En prenant un peu de recul il réalisait que dire à son patron " C'est connu, plus on monte dans l'organigramme plus le salaire est inversement proportionnel à l'intelligence" n'avait pas été une bonne idée. Même si ce dernier lui avait lancé à la figure, méprisant: "Dans une autre vie peut-être vous serez mon chef M. Koné. Mais ici, je suis votre supérieur hiérarchique et il faut descendre plusieurs échelons de notre organigramme avant de trouver votre poste. Vous n'êtes rien d'autre qu'un larbin, un tâcheron, un exécutant. Vous auriez dû mieux étudier à l'école."...cela ne justifiait pas son acte.
Le patron a toujours raison. Il aurait dû se taire, arrondir le dos, se confondre en excuses. Mais non ! Il avait parlé et la cloche de son renvoi avait sonné à peine quelques jours plus tard. Il était parti la tête haute, se refusant à souiller son honneur dans la boue de la supplication. Cependant les factures impayées s'étaient vite accumulées, les lettres de refus aussi.
Et sa fiancée! Sa fiancée qui se plaignait à longueur de journée de son irresponsabilité.
"Tu vois où ta colère nous a mené! Tu as intérêt à trouver un emploi sinon je te quitte. Je ne suis pas faite pour vivre dans la pauvreté.Si tu n'as pas trouvé de solution d'ici la fin du mois, je prendrai les choses en main".
Ah les femmes ! Elles veulent toujours le miel sans aucune piqûre d'abeille. Heureusement, Hassan savait que Sarah bluffait. Elle l'aimait trop pour le quitter. Ils avaient traversé des flots plus déchaînés que ceux-ci ensemble. Elle voulait juste le stimuler. D'ailleurs, la fin du mois dont elle avait parlé était passée depuis quelques jours déjà et elle n'avait rien fait.
Hassan fit un petit tour dans un supermarché pour profiter de l'air conditionné. Une fois sec, il décida d'aller à son prochain entretien. On le fit entrer dans un bureau où une dame avoisinant la quarantaine était déjà installée. Il s'assit en face d'elle. Aucune bague n'ornait son annulaire gauche. Elle n'était pas mariée. Elle devait être une de ces femmes carriéristes, riches mais ayant une vie amoureuse triste voire inexistante. Il décida de lui sortir le grand jeu. Il lui glissa des compliments entre deux questions, la regardant droit dans les yeux. Il lui lança son sourire le plus enjôleur, osa même dire avant de s'en aller "si jamais je ne suis pas retenu, j'espère que nos chemins se croiseront à nouveau et que je pourrai revoir vos grands yeux de biche. Vous avez mon numéro." Il était vraiment désespéré.
Hassan n'avait plus d'entretiens en vue pourtant il préféra rester dehors. Cela donnait l'impression à Sarah qu'il faisait des efforts. Il rentra aux environs de 20 heures, exténué. Sarah l'accueilli à la porte en colère.
-Où tu as encore balancé ton téléphone? Je t'appelle depuis ce matin en vain. Tu sais que la fin du mois est passée!
-Oui ! Le grand ultimatum ! Je fais ce que je peux pourtant!
-Ce que tu peux ne suffit pas ! J'ai décidé d'intervenir. J'ai invité ma cousine à dîner. Elle est Directrice des ressources humaines d'une boîte de la place.
Hassan eu des sueurs froides quand il trouva dans son salon la femme aux "grands yeux de biche".
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Tu es méchante Yehni. Très belle histoire
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