Article paru dans l'intelligent d'Abidjan du 31 Octobre 2012.
Les écoles poussent comme des champignons, et dans des endroits assez incongrus. A cause de l’exiguïté des locaux et de la qualité discutable de l’enseignement, certaines ont même écopé du terme peu flatteur de « écoles boutiques». Ecoles boutiques ou écoles hypermarchés, chaque fondateur essaie de montrer son établissement sous son meilleur jour par le biais de la publicité. Cependant, beaucoup brodent autour de la réalité.
On présente une grande salle contenant plusieurs écrans d’ordinateurs alors qu’en réalité les unités centrales sont manquantes. On demande aux étudiants de faire semblant de pianoter sur les touches, et de s’extasier…sur un appareil éteint. On clame que toutes les salles de classe sont climatisées alors qu’il n’y a que quelques unes qui sont dotées d’un appareil dont la télécommande a été égarée il y a longtemps. C’est au risque de se faire électrocuter qu’un étudiant téméraire doit l’actionner manuellement pour recevoir de la poussière en plein nez.
Un des éléments utilisés pour attirer les parents dans les mailles du filet est le transport. Chaque école digne de ce nom se dote aujourd’hui d’un moyen de ramassage des élèves. Les parents paient un montant mensuel pour se voir décharger du transport de leur progéniture vers le temple du savoir. Ils n’ont pas le temps et même les domestiques sont débordés.
Toutefois, il n’est pas rare de voir à la faveur d’un embouteillage, un car scolaire bondé, avec des élèves debout ou assis à même le sol. Chaque coup de frein, chaque virage est un supplice pour ces élèves entassés comme du bétail. Empruntant l’habitude déplorable des promoteurs de spectacle de vendre un nombre de tickets supérieurs aux places assises disponibles, ceux qui ont la gestion de ce volet ne se gênent pas pour faire de la surcharge au mépris le plus total de la sécurité des enfants.
A qui la faute ? Aux parents qui ne prennent pas la peine de vérifier que leur argent est utilisé à bon escient par la structure qui a promis de prendre en charge le transport de leur enfant ? Aux élèves qui ne font pas un rapport fidèle aux parents des pratiques de l’école ? A l’école qui n’a aucun scrupule à « torturer » les enfants ?
Le tord est sûrement partagé. Pourtant l’index accusateur tend à s’attarder sur les parents, car eux-mêmes ont des pratiques douteuses vis-à-vis de leurs enfants. A défaut de payer une place dans le car scolaire, certains souscrivent à un abonnement mensuel auprès de taxis communaux, communément appelés « woro-woro ». Sept à huit enfants en provenance de tout le voisinage, entassés comme des sardines à l’intérieur de leur boîte, dans un véhicule ne pouvant prendre que cinq places maximum, chauffeur y compris. Les enfants sont l’avenir, il faut les traiter avec plus de soin.
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