Paru dans l'intelligent d'Abidjan du Mercredi 25 Juillet 2012 sous le titre les dangers des "médicaments de car"
Quand vous allez d’une ville de Côte d’Ivoire à une autre en car, votre voyage n’est pas uniquement rythmé par les bonds désordonnés du véhicule à cause du mauvais état des routes. Il y a aussi les discours de ces vendeurs, qui vantent les vertus thérapeutiques de produits à base de plantes, provenant en général de l’Inde, de la Chine, ou d’un petit laboratoire quelque part à Abidjan.
Ils essaient, avec force exemples et démonstrations, de convaincre les passagers que le petit flacon ou le sachet de poudre qu’ils tiennent dans leur main peut soigner à la fois une toux chronique, un ulcère sévère, une douleur hémorroïdaire pernicieuse et un panaris récidiviste.
On met toujours la population en garde contre l’achat et l’utilisation des médicaments de la rue, ces médicaments vendus hors pharmacies (alors que leur place légitime est en leur sein), mal conservés et périmés. On oublie souvent de parler des vendeurs de « médicaments de car », ceux dont les produits ne sont dans aucune officine, et ils ne font que proliférer.
Pourquoi s’adresser à eux quand à chaque coin de rue se dressent des pharmacies qui ne demandent qu’à être fréquentées ? La réponse la plus commune est le prix. Le coût trop élevé des médicaments de bonne qualité face à un faible pouvoir d’achat favorise l’adoption de ce comportement dangereux. Mais les médicaments génériques sont supposés venir résoudre ce problème.
Certains parlent d’un aspect culturel. En effet, la plupart des africains sont habitués à la médecine traditionnelle. Les décoctions à base de feuilles, d’écorces, de racines ne leur sont pas étrangères. Un médicament sans posologie ne les effraie pas.
Or, de tels achats peuvent être des raccourcis vers la mort. Ces produits peuvent affecter les reins, les poumons, le pancréas, le foie…bref, les organes vitaux de celui qui les ingurgite, à cause d’un mauvais dosage. Ils peuvent être périmés et empoisonner, intoxiquer.
Oui, la nature regorge de richesses. Les médicaments vendus par ces colporteurs en car, ne sont pas tous forcément mauvais. Les grands laboratoires pharmaceutiques d’Europe et d’Amérique n’ont pas la science infuse. D’autres pays peuvent aussi faire de bonnes choses. Mais il se pose un véritable problème de conservation, d’authenticité, de sécurité pour les malades. En plus les notices sont écrites dans des langues incompréhensibles. Aucun reçu après achat.
Comment retrouver le vendeur si quelque chose se passe mal ? Et si le numéro de téléphone, qu’il ne manque jamais de donner, ne fonctionne plus ? Et si la compagnie de transport nie avoir autorisé un quelconque vendeur à exercer dans son véhicule ?
Au mieux vous aurez votre parole pour seule défense, au pire, vous n’aurez rien. Ce sera le silence, parce qu’un mort, ne parle pas.
La santé n’a pas de prix. Soyons prudents.
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