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vendredi 29 juillet 2011

NOUVELLE: LE PASSAGE SECRET...DE LUISIANO N'DOHOU


Pour ceux qui ont fait l'internat comme moi, on sait qu'il est parfois long d'attendre le jour officiel de sortie pour aller voir si le temps est beau dehors. Contrairement à moi, certains et dans notre cas certaines utilisent des passages secrets pour se faufiler loin de la surveillance rigoureuse des éducatrices...et parfois les aventures et les mésaventures rencontrées méritent bien d'être écrites dans une nouvelle. 
C'est ce cadeau que nous fait Luisiano N'dohou en nous racontons l'histoire de Maryvonne dont le père extrêmement sévère et suspicieux la place à l'internat au Lycée Sainte Marie de Cocody. Je ne sais pas pourquoi l'auteur a choisi mon ancien lysée comme cadre de cette nouvelle mais bon...lol...Enjoy!

Maryvonne tombait des nues. Son père venait, d’un ton péremptoire, lui interdire de prendre part au bal de fin d’année de son lycée. Elle avait cru bien faire et mettre toutes les chances de son côté en lui demandant la permission une semaine à l’avance. Les festivités commençaient avec la journée porte ouverte et le clou de la fête, c’était le bal de fin d’année au Palais des Congrès de l’Hôtel Ivoire.
- Mais papa, c’est le bal de toute l’école et toutes les filles seront présentes excepté moi ? Comment expliques-tu cela ? reprit-elle pour tenter de lui faire changer d’avis.
- Je n’ai rien à expliquer ! Je ne veux pas que tu y sois, c’est tout ! Tu assisteras naturellement à la journée porte ouverte, mais il est hors de question que je te laisse aller à un bal qui finit à l’aube. Dieu seul sait ce qui se passe réellement à ce genre de manifestations ! déclara M. Aka.
Puis il porta son verre de vin à ses lèvres et n’accorda plus la moindre attention à sa fille.
Maryvonne tremblait de colère contenue. C’était impensable qu’elle se heurtât à ce refus buté de son père alors que cette demande n’aurait dû être qu’une formalité. Ce bal était l’occasion pour toutes les filles de se divertir ensemble avant de se dire au revoir car il n’y avait plus cours après. Et puis elle avait bien travaillé en classe ; elle avait obtenu une moyenne de 13 sur 20. Elle était d’ailleurs classée 3ème de sa classe. Après de tels efforts, elle estimait avoir  le droit de s’amuser pour décompresser quelque peu. Elle revint donc à la charge :
- Papa, la Directrice et toutes les éducatrices seront également présentes à ce bal pour nous chaperonner. Tes inquiétudes sont donc sans fondement…
- Inutile d’insister, tu n’iras pas à ce bal ! Tu es ma fille unique et je veux que tout le monde sache que je t’ai bien éduquée. Tu dois par conséquent arriver au mariage en ayant préservé tout ta pureté ! Ceci est tellement important que je ne peux pas faire confiance à tes éducatrices. Vous pouvez être parfaitement de mèche pour quelque coup tordus !
En entendant ces dernières paroles de son père, Maryvonne fut déconcertée. Son père ne plaisantait donc pas avec ses idées farfelues. Elle tourna la tête du côté de sa mère et, d’un regard implorant, sollicita son soutien.
Mais Mme Aka ne lui fut d’aucun secours. Depuis quelque temps, son époux était assez désagréable avec tout le monde et s’emportait pour un rien. Si d’aventure, elle intervenait en défendant la cause de leur fille, il le prendrait certainement mal ; ce qui risquait de déboucher sur une dispute qu’elle voulait à tout prix éviter.
Maryvonne comprit alors qu’elle n’avait plus le moindre recours. Elle fit des efforts pour ne pas éclater en sanglots. Elle sentit un poids lui barrer l’estomac et lui ôter tout appétit. Elle posa sa fourchette et son couteau, recula sa chaise et se leva.
- Permettez-moi de me retirer, dit-elle, avec un trémolo dans la voix.
Elle quitta la table avec une pénible sensation d’étouffement. La salle à manger semblait subitement trop étroite pour contenir sa douleur. Elle grimpa les escaliers jusqu’au premier étage, ouvrit brusquement la porte de sa chambre et se jeta sur son lit. Elle donna libre cours à sa peine et pleura toutes les larmes de son corps. Plus elle analysait la situation et plus elle la trouvait absurde. Pourquoi son père était-il si sévère avec elle ? Pourquoi la surveillait-il tant. Pourquoi après son obtention du BEPC il avait fait des mains et des pieds pour le mettre au lycée Sainte Marie, l’avait fait entrer à l’internat ? Et seuls sa mère et lui avaient droit de visite… Non, il n’avait pas le droit de se comporter ainsi avec elle. Elle était à présent une grande fille de 17 ans et pouvait flirter avec son petit ami.
Maryvonne sécha ses larmes, s’assit sur son lit et se perdit dans ses pensées. Elle qui comptait sur ce bal pour passer un agréable moment avec Eric, voyait tous ses projets ruinés par la seule volonté de son père. Son regard parcourut la chambre et s’arrêta sur chaque objet. Elle considéra longuement tous les ces bibelots pour se rappeler un heureux souvenir et une joie passée. Mais seule une tristesse muette se dégageait de ces objets sans âme. Non, cette chambre ne lui rappelait qu’un bonheur enfantin. Aujourd’hui, elle aspirait à d’autres joies plus profondes, plus intimes… Comme cette sensation à la fois étrange et délicieuse qui lui chatouillait le ventre, juste en dessous du nombril et embrasait tout son être chaque fois qu’elle pensait à Eric, ou quand elle était dans ses bras et qu’ils s’embrassaient…
Non, elle n’allait pas céder aux caprices de son père et risquer de perdre celui qu’elle aimait. Elle ferait tout pour retrouver le bonheur que lui procuraient leurs randonnées au clair de lune, leurs éclats de rires fous, sans raison apparente, juste parce qu’ils étaient heureux d’être ensemble. Et puis, elle ne faisait rien de mal ; ils ne faisaient que flirter. Elle avait conscience de toutes les maladies qui guettaient les jeunes…
Toutes sortes de pensées se bousculèrent dans la tête de Maryvonne parce qu’elle devait trouver une solution à son problème. Cependant, elle n’arrivait pas à réfléchir efficacement. Elle finit par s’étendre, toute habillée, trop lasse pour se dévêtir.
Recroquevillée en chien de fusil, elle fut secouée par un dernier hoquet de douleur avant de sombrer dans un profond sommeil.
Le lendemain, son père la déposa au lycée. C’était la dernière semaine qu’elle passait à l’internat avant les grandes vacances. Toutes les filles étaient réquisitionnées pour mettre de l’ordre dans l’établissement. Celles qui avaient des rôles à jouer pour les manifestations mettaient la dernière main aux répétitions.
Maryvonne devait chanter en duo avec Marguerite. Les deux jeunes se ressemblaient énormément. D’aucuns disaient qu’elles avaient un air de famille. Traits fins et réguliers, formes harmonieuses, silhouettes élancées, elles étaient toutes les deux très belles.
Quand Maryvonne arriva au Lycée Sainte Marie en classe de 2nde, un élan de sympathie aurait dû mener les deux jeunes filles l’une vers l’autre, dans une éclosion d’amitié. Mais il n’en fut rien. Une sourde rivalité les avait immédiatement opposées.
Margueritte, plus ancienne dans le lycée, était la plus hostile. Avant l’arrivée de son sosie, elle était la coqueluche de l’établissement. Son air effronté et son sens de la répartie avaient fait d’elle le porte-parole des élèves auprès de l’administration. Avec l’arrivée de Maryvonne, elle se sentit non pas éclipsée, mais égalée et son domaine partagé. Du reste, la ressemblance entre les deux jeunes filles s’arrêtait au physique. Autant Margueritte était frivole et tapageuse, autant Maryvonne était sobre, presque réservée, ne manifestant pas d’intérêt sur ce qui la concernait pas directement.
Pendant les répétitions, Margueritte, comme à son habitude, mettait tout en œuvre pour être le point de mire. Elle parlait à la cantonade et posait pour la galerie en exhibant sa nouvelle montre et ses nombreux bijoux en or. Les filles chuchotaient d’ailleurs à ce sujet que Margueritte avait désormais une source de revenue autre que l’argent que ses parents lui donnaient.
Après les répétitions, Maryvonne ne monta pas immédiatement dans son dortoir. Sa tristesse de la veille était revenue et elle flâna dans la cours de l’école comme une âme en peine. Jamais auparavant, elle ne s’était rendue dans le bâtiment où avaient lieu les répétitions. Il était isolé des salles de classe et des dortoirs. Maryvonne fut surprise de constater qu’il ne délimitait pas l’enceinte du terrain. Il y avait un espace qui le séparait de la clôture. Et parmi les herbes, le sol était foulé et créait une piste quasiment invisible que Maryvonne emprunta comme un automate. Elle découvrit qu’entre les tiges de la haie d’hibiscus qui servait en fait de clôture, il y avait un espace par lequel une personne pouvait se glisser pour sortir de l’établissement, rien qu’en écartant les feuilles. Il s’agissait manifestement d’un passage secret. Le cœur de la jeune fille se mit à battre la chamade à cause de cette découverte… Des filles de l’internat usaient-elles de ce passage en catimini ? Si oui, pouvait-elle en faire autant ? Toutes sortes de questions déferlaient en elle, pendant qu’elle longeait la clôture. Un moment, elle aperçut une voiture de l’autre côté, sur la route. C’était une ML bleue nuit aux vitrés teintées, comme celle de son père. Mais elle n’eut pas le temps de bien voir le véhicule qui démarra aussitôt. Mais comme dans un rêve, elle entrevit un profil singulier au côté du chauffeur… Elle flâne encore quelques moments avant de retourner au dortoir.
La journée porte ouverte fut formidable. Toutes les prestations furent très réussies aux dires des participants. Surtout les deux jeunes filles qui  chantèrent en duo donnèrent le meilleur d’elles-mêmes et furent attendrissantes de charme.
- Bravo, les jumelles, lança quelqu’un dans la foule.
Mais Maryvonne avait leur cœur en peine. Ne voulant pas faire bonne figure contre mauvaise fortune, elle s’échappa de l’amphithéâtre très rapidement, alors même qu’un tonnerre d’applaudissements saluait longuement leur prestation. Margueritte, heureuse au-delà de toute expression, s’éternisa sur le podium à récolter les lauriers du succès.
Maryvonne parvint rapidement à l’autre bout de l’école, comme si ses pas la conduisaient d’eux-mêmes, sans sa volonté propre. L’endroit était calme et paisible. Les derniers gazouillis des oiseaux dans les arbres, le bruissement du vent dans les acacias et le parfum capiteux qu’exhalaient les fleurs étaient un hymne à l’amour qui transporta son âme.
Soudainement, elle réalisa qu’elle pouvait utiliser le passage secret pour s’échapper. Son père était parti en mission le matin même et sa mère, retenue par une importante réunion n’avait pas pu prendre part aux festivités de son école. Elle était accompagnée par le chauffeur qui avait reçu la ferme instruction de la ramener à la maison. Et ce dernier, comme un cerbère, l’attendait au portail de l’entrée.
Maryvonne remercia le ciel pour ce passage secret pendant qu’elle se glissait entre les tiges d’Hibiscus. Elle se retrouva de l’autre côté, dans la rue déserte. Elle pouvait, à la faveur de la nuit, rejoindre Eric qui l’entendrait certainement chez lui. Elle n’avait pas osé lui dire qu’elle ne pouvait pas se rendre au bal. Son cœur battait à un rythme fou. Elle fit un pas, puis un autre, se retenant difficilement pour ne pas courir. Au moment où elle parvint au tournant, un véhicule déboucha derrière elle et vint s’immobiliser à ses côtés. Du coin de l’œil et sous la clarté vespérale, elle reconnut la ML de son père. La portière s’ouvrit dans une invitation à monter.
Il était trop tard pour fuir. Hébétée, hagarde, la tête tournée dans le sens opposé à la voiture, Maryvonne y monta et s’assit à côté de son père. La voiture démarra.
Elle avait tellement honte qu’elle gardait la face rivée sur la vitre de sa portière. Elle se creusait les méninges pour trouver une justification plausible qu’elle fournirait à son père quand il se déciderait à l’interroger. Ce fut alors que la voix de ce dernier la tira de ses réflexions :
- Ma Margueritte adorée, tu ne sais pas à quel pont je me sens bien à tes côtés, commença M. Aka d’une voix chaude et câline que sa fille ne lui connaissait pas. Je suis tellement heureux de passer ces quelques jours avec toi à Assinie. Il n’y aura que toi et moi au bord de la mer… Je veux te combler, t’offrir ce qu’il y a de plus beau… de plus cher au monde…
Pendant qu’il parlait, M. Aka enveloppa le genou de Maryvonne avec sa paume libre. Cette dernière avait immédiatement compris que son père se père se trompait de personne. Il pensait être aux côtés de Margueritte, sa maîtresse. Le passage secret était donc celui par lequel Margueritte rejoignait son père. Et se dernier était venu à leur rendez-vous. C’était donc la voiture de son père qu’elle avait vue la dernière fois, alors qu’il était censé être parti en mission, comme aujourd’hui d’ailleurs ? Et ce jour-là, la personne qui était à ses côtés dans la voiture était Margueritte. Il n’y avait pas le moindre doute, c’était son père qui offrait les nombreux bijoux à Margueritte. Ainsi, il se donnait du bon temps avec une fille du même âge que la sienne pendant qu’il lui refusait à elle, tout divertissement. Elle décida de tirer partie de cette situation inespérée en le laissant s’enferrer davantage dans sa bête.
D’ailleurs, la voix de son père reprit :
- Tu sais, ma petite Margueritte, ma vie a véritablement commencé le jour où j’étais venu dans votre lycée chercher Maryvonne et que je t’ai pris pour elle. Te confondre avec ma fille fut la plus belle erreur de ma vie car depuis lors, tu illumines mon existence…
Ce fut plus que ne pouvait en supporter Maryvonne et elle interrompit son père :
- Cette fois-ci, tu fais la confusion inverse, Papa ! Tu prends ta fille pour ta maîtresse. Dis-moi, tu ne crois pas que le père de Margueritte voudrait également que sa fille arrive vierge au mariage comme tu l’exiges de moi en me le répétant sans cesse ? reprit-elle avec plus de véhémence.
Eberlué, les yeux exorbités comme s’il était en face d’un fantôme, M. Aka rata un tournant. Heureusement qu’il eut le réflexe de freiner au moment où sa voiture était à quelques centimètres d’un des arbres bordant l’avenue.
- Ma… Ma… Maryvonne ? fit-il en regardant fixement sa fille.
- Oui, papa chéri, c’est bien moi !
- Ma… Ma… chérie, tu sais que que je veux te… te… te faire… pa… pa… passer tes vacances aux Etats-Unis…
- Mon petit papa chéri, je… Je… Ne… Ne savais pas que tu bégayais… Ecoute, je n’ai pas du tout envie d’aller passer mes vacances aux Etats-Unis, tu me l’as toujours refusé. Mais ne t’inquiète pas, l’histoire du passage secret restera notre petit secret, juste toi et moi… Enfin, si tu es gentil !

                                               *          *          *
                                                    
      *          * 
Quand Maryvonne et son père rentrèrent à la maison, elle était tout excitée et ses yeux pétillaient de malice. Un sourire énigmatique flottait sur ses lèvres, à la grande surprise de sa mère.
- Maman, papa vient de me donner la permission de me rendre à mon bal de fin d’année. Je vais me doucher, me changer et il me raccompagnera chez Eric. Quand il reviendra vous partirez pour Assinie tous les deux. Il a vraiment envie d’être en tête à tête avec toi et c’est la raison pour laquelle il n’est plus parti en mission. Tu ne sais pas à quel point il se sent bien d’être à tes côtés. Il est tellement heureux de passer ces quelques jours avec toi à Assinie. Il n’y aura que vous deux au bord de la mer, articula Maryvonne en regardant fixement son père dans les yeux.
La mère de Maryvonne était tellement surprise qu’elle en resta sans voix quelques minutes.
- Comme je suis heureuse, ma chérie ! Il y a si longtemps que ton père et mon n’avions pas eu ce genre de moment à nous tous seuls. Mais comment à tu fais pour le convaincre ?
- Rien de plus facile, maman ! Il a juste suffit d’un passage secret !

2 commentaires:

  1. shannen Rimphrey29 juillet 2011 à 18:35

    intéressante histoire! sa parle d'un passage que je n'ai pas vu a sainte marie mais bon! cette histoire parle de réalités qui existent vraiment dans la vrai vie et j'adore. surtout la fin! bonne continuation...

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