On pense toujours qu'on peut résister à l'appel insistant de la tentation...
Merci à PA pour sa nouvelle "DESTINS BRISES".
Mohamed venait de raccrocher avec Liz Emmanuelle, sa
nouvelle euh… « amie ». Il avait quelques hésitations à
déterminer la nature de leur relation tant elle était pour le moins atypique. A
cheval entre amitié et amour ; c’était un hybride, un mélange des deux. A
vrai dire, il n’en savait rien. Lui et Liz avaient moultes atomes crochus, ils
se comprenaient sans avoir besoin de se parler, ils avaient les mêmes gouts
musicaux, vestimentaires… Mohamed fut le premier surpris par leur rapprochement.
On pouvait les voir partout accrochés l’un à l’autre. Les pseudos tourtereaux
passaient beaucoup de temps à parler, au téléphone comme sur internet via messagerie instantanée. Les
sujets ? Trois fois rien ou des problèmes plus sérieux, des confidences,
des échanges de compliments. Cela partait de la discussion la plus grave au
détail qui faisait rigoler 5 minutes pendant la pause rêverie au travail. Liz
trouvait que Mohamed était son alter ego, « Elle au masculin ».
Pourtant à leur
rencontre, rien ne laissait présager qu’ils deviendraient ces complices
d’aujourd’hui tant elle s’était passée de façon particulière…
En effet par un après-midi très ensoleillé du mois de
juillet, il avait décidé d’aller faire des longueurs à la piscine du club house
au Vallon 2 plateaux, un quartier chic de la commune de Cocody. Par un heureux
hasard Liz avait eu la même inspiration, en plus son agenda marquait que samedi
elle avait cours de natation.
Mohamed nageait
comme un poisson, on ne pouvait pas en dire autant de Liz. Tel un poids dans
l’eau chlorée de la piscine, elle nageait comme danse un pied. Le maitre-nageur après des instructions, venait
tout juste de la quitter pour un autre élève. Une fois seule, elle faisait ses
exercices de crawl, un pull boy coincé entre les cuisses. Par intermittence, Liz
mettait la tête hors de l’eau pour reprendre son souffle ; le moins que
l’on puisse dire c’est qu’elle était à la peine. Les membres crispés et les yeux rougis, elle d’ordinaire si sure
d’elle et glamour, apparaissait gauche et transie de peur. C’est à ce moment
qu’elle surprit le rire de Mohamed. Un coup d’œil circulaire lui permit de se
rendre compte qu’elle en était l’objet. La
belle fulminant d’être la risée de cet inconnu lui lança « parce que vous
trouvez ça drôle ? C’est bon, vous vous marrez comme vous voulez ?»
-désolé, je… balbutia t-il, se sentant démasqué par cette
belle sirène qui de son regard rouge de colère et de chlore, le fusillait,
l’air d’exprimer son mécontentement « pour ma peine je peux vous aider »
lui proposa t il
-non merci, ça ir…elle n’eut pas le temps de finir sa
phrase, qu’elle perdit l’équilibre, Mohamed accourut à sa rescousse et lui
sortit la tête de l’eau en affichant le
même sourire moqueur une fois qu’il la sut hors de danger. Cependant cette
fois, elle aussi éclata de rire, c’était drôle en effet.
A la sortie de la
piscine les deux nouveaux amis avaient pris un verre et échangé leurs contacts,
le courant était toute suite passé.
Voici l’histoire d’une bien curieuse rencontre, Mohamed
savait que liz n’aimait pas qu’il la ressasse, mais il aimait bien l’embêter,
et il se faisait un plaisir de raconter leur premier contact avec force de
détails chaque fois qu’il en avait l’occasion. Elle contre attaquait toujours
de la même façon « ça remonte à bien longtemps, maintenant, je nage comme
Manaudou»
-Et moi comme Mamadou, la taquinait-il
***
Il lui plaisait vraiment et elle savait qu’elle
l’attirait également. Mohamed était avare en mots mais elle le connaissait bien
depuis le temps… Ses actes trahissaient son ressenti et ses sentiments… Par
pudeur ou tout simplement par déni, le duo n’abordait jamais de discussion à
propos de cette attirance ignorée et pourtant palpable qui prenait ses aises
entre eux
Cette grande amitié entre Mohamed et Liz a très vite
évolué, les jours se relayaient à consolider cette relation particulière. Ils
formaient vraiment un beau couple ou plutôt un beau duo parce que couple, ce
n’est pas vraiment le terme qui convenait…
En effet, si Liz venait fraîchement d’agrandir le cercle
des célibataires, Mohamed lui venait
tout aussi fraichement d’agrandir la circonférence des hommes mariés et était
nouvellement papa d’une magnifique fillette, Sarah. Il savait qu’il jouait à un
jeu dangereux à ainsi flirter avec les limites de l’amitié. Mais il se savait
serein, ou du moins il le pensait. Il était fidèle et comptait continuer
d’assumer son rôle de chef de famille à la perfection. Consciencieux, Mohamed
fait partie des rares hommes qui pensent qu’on peut arpenter le chemin de la
vie avec une seule et unique femme, être fidèle c’était le moindre des devoirs
de l’homme envers sa femme. Mais aujourd’hui après l’arrivée impromptue de Liz
dans sa vie, Il se rendait compte que la
tâche s’annonçait désormais ardue…
Elle avait une belle stature et une silhouette magnifique
marquée d’une taille de guêpe et maintenue par deux belles jambes galbées et
parfaitement droites et symétriques. Elle avait une cambrure et des formes à se
damner. Mohamed avait plaisir à la regarder marcher, ou plutôt avancer et faire
de l’espace son T, comme un mannequin.
* * *
Mohamed sursauta et sortit brusquement de ses pensées
suite au wizz de sa messagerie instantanée dans la fenêtre de discussion signe
qu’il ne répondait pas à son correspondant depuis un moment. Il eut un sourire
amusé, c’était Liz qui commençait à s’impatienter. « Tu me dis si je
t’ennuie. » dit-elle d’un air
faussement agacé
« Désolé princesse, je me suis levé précipitamment
et je n’ai pas eu le temps de prévenir. Je suis là maintenant» mentit-il.
Un émoticône de sourire fut la réponse qu’elle lui
envoya.
Mohamed et Liz discutaient beaucoup et à force, il la
connaissait aussi bien qu’elle le connaissait. L’air de rien, ce dernier était en
train d’occuper la place laissée libre dans le cœur de célibataire de Liz. Elle
commença à penser à lui un peu plus souvent les soirs avant de
s’endormir ; c’est bien connu, la proximité crée des liens qui vont
souvent au-delà de l’amitié. Par ignorance ou tout simplement par volonté de se
voiler la face, Mohamed refusait l’évidence « il commençait à avoir des
sentiments pour cette très chère Liz ».
Il n’avait pas le
droit, se disait-il intérieurement ; il était marié et de surcroit,
c’était un homme correct à tous égards, bon père et mari fidèle. Mais pourquoi
elle l’intriguait de la sorte, avec son sourire ravageur et son rire guttural
tellement communicatif. Ce n’était pas très sexy mais comme il aimait
l’entendre ! En plus il la trouvait vraiment à son goût, avec ses yeux
légèrement bridés et son teint clair tendance mulâtresse.
Liz était effectivement belle, de bonne éducation et réservée
de surcroît. Comme il aime à le lui dire « elle était belle à courtiser et
bonne à marier ». Pleine d’humour,
Liz avait le chic pour s’habiller ce qui la mettait encore plus en valeur. C’était
le genre de fille qu’on mettait à son bras pour faire des envieux et qui
pouvait également tenir une maison et s’occuper des enfants. En somme la femme
dans toute sa quintessence. Elle n’était
pas de celles qui croyaient à la virginité jusqu’au mariage mais ce n’était pas
une frivole pour autant, pour preuve, à 27 ans elle n’avait eu que 3 relations.
La dernière ayant connu des dernières notes douloureuses, elle avait finalement
rompu ses fiançailles.
En outre, elle savait qu’être bonne cuisinière et maîtresse
de maison, des cordes à son arc de femme accomplie, étaient des conditions nécessaires
mais pas suffisantes pour retenir un homme. Ce n’était là qu’un aspect de la
vie de femme. Il fallait d’autre part être une bonne amante, sur la question,
notre Liz déjà physiquement gâtée par la nature était bien outillée, malgré son
expérience sentimentale anorexique.
***
Mohamed et Liz continuaient de chatter entre travaux à finaliser et réunions à tenir.
« Dis Mo’, on part écouter du Live ce soir, c’est vendredi aujourd’hui
et j’ai besoin de décompresser »,
vit-il apparaitre dans la fenêtre de discussion avec Liz. « Je sais que tu
es libre ce weekend, Astou ta femme a pris ses congés et elle est allée en
voyage ce matin avec ta puce, tu n’as pas d’argument, s’il te plait » le
supplia t’elle
-Tu me prends toujours par les sentiments toi…pas de
souci, on va y aller
-merci Mo’
A 19h précise, le bruit de klaxon de voiture devant le
portail de son appartement indiquait qu’il fallait qu’elle sorte rejoindre Mohamed
venu la récupérer. Elle pouvait le voir depuis son balcon. Une fois Liz
installée, le véhicule s’engouffra dans les méandres de la nuit mimant d’autres
nombreux noctambules. « Tu es très en beauté très chère»
-merci Mo’, toi aussi t’es élégant
Perchée sur ses escarpins blancs, elle lui tenait le bras
lorsqu’ensemble, ils entrèrent dans la salle de la boîte de nuit « le
live » de la riviera palmeraie.
La soirée était belle, une cannette de soda pour lui, un
mojito pour elle, ils chantaient « redemption song » de Bob Marley en
chœur avec l’interprète de l’orchestre de la soirée.
* * *
Liz s’éveilla dans les bras de Mohamed encore endormi, le
regard embué et l’air interrogateur, elle le secoua vigoureusement pour le
tirer de son sommeil, « mais qu’est e qu’il ya Liz » susurra-t-il, se
libérant péniblement dans bras de Morphée.
-Ce qu’il y a ??? Ben, c’est qu’on a passé la nuit
ensemble !!! hurla t’elle, mais…mais…comment ça se peut ? Que
s’est-il passé ?
-d’abord tu parles moins fort, j’ai une vilaine migraine
vu comme Mlle m’a réveillé avec douceur, ironisa-t-il, « ensuite, calme
toi et arrête de t’agripper à moi de la sorte, ok ?une seule question à la
fois je t’explique, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, je suis tout
habillé, d’accord ? »
-en effet, répondit-elle après un regard vérificatif
-Hier, tu as bu un mojito de trop, je t’ai ramenée, tu
étais…on va dire que tu étais émoustillée
-Mais je n’ai rien fait de bien méchant, rassure moi…fit-elle
la mine tristounette
-hum…Comment te le dire sans te heurter ? Euh… tu
l’étais au point où tu m’as fait une séance de stript…
-Arrête, tu n’es pas sérieux là, coupa t’elle
-Non, je te chahute, j’ai réussi à limiter les dégâts, je
n’ai pas voulu te laisser toute seule par prudence. Mais la prochaine fois, promets-moi
d’être sobre.
-je suis vraiment confuse, je suis triste ces derniers
temps et je me suis laissée un peu aller, je te promets qu’on ne m’y prendra
plus.
- Bon là ma vieille, il faut que j’y aille, dit- il après
coup d’œil furtif à sa montre
-Oh mille fois merci mon ange, le remercia-t-elle en se blottissant
dans le même temps contre lui pour une accolade de gratitude. A son tour il la
serra dans ses bras tout contre lui en lui caressant les cheveux « c’est
rien, mais fais plus attention à toi la prochaine fois, tu es une proie et il
y’a des loups dehors. Sur ce, je dois maintenant te fausser compagnie pupuce ».
-ok
Liz se serra un peu plus fort à lui, et leva la tête, pour lui donner un
baiser sur la joue qu’elle posa par inadvertance au coin de sa bouche… Tout d’abord
avec hésitation, leurs lèvres finalement se trouvèrent. Et ce fut ensuite un
long baiser langoureux, tendre et
passionné. C’est de notoriété publique, la beauté d’une femme est un piège pour
la raison de l’homme. Cependant le peu de raison qui reste encore dans pareille
circonstance prit le dessus sur la passion de Mohamed, il se dégagea tout
doucement avant de dire «cette fois ci, je vais vraiment y aller, je crois que
tu vas mieux »
Il sortit
promptement, son premier réflexe fut celui de passer un coup de fil à sa femme
pour avoir des nouvelles, elle lui manquait depuis son départ, Sarah aussi
d’ailleurs… A bord de sa voiture, il quittait Angré 7ème tranche, le quartier où
résidait Liz Liz pour rejoindre sa villa sise en zone 4 biétry en passant par
Cocody. Il ouvrit la boite à gants dans laquelle il posa son téléphone dépité
« c’est tant pis, je le ferai un peu plus tard » pensa-t-il. Le feu
venait de passer au vert lorsqu’il leva les yeux après avoir refermé la boîte à
gants. Il passa du point mort à la première et tourna le bouton de son auto
radio, un peu de musique pour la route.
Sur la droite au carrefour de la vie de Cocody un camion
ben arrivait à vive allure, ses freins avaient lâché, et le conducteur tentait désespérément d’arrêter l’engin. Il
venait de brûler le feu rouge et la priorité au moment où le véhicule de Mohamed
se retrouvait au beau milieu du carrefour.
Le choc fut bref, brutal, violent. Il n’eut pas le temps
de réfléchir, d’agir ni de souffrir dans son corps sans vie encastré dans la
carcasse de sa BMW grise série 5 ….
Par PA
Par PA
Je l'ai lu d'une traite sans m'arrêter, c'est un joli petit bijou!
RépondreSupprimerMerci beaucoup Ayyahh
RépondreSupprimerP.A a été "recrutée" comme auteur permanent sur http://desmotsdesimages.blogspot.com tant ses poèmes avaient un point de vue intéressant.
RépondreSupprimerJe suis agréablement surpris de la retrouver ici avec cette nouvelle qui est bien emmenée.
bien que l'histoire soit simple, son point de vue est différent et j'adore la fin tragique.
je liiike
Cheers. bravo, continue
Merci Stéphane de me faire confiance et d'aimer ce que je fais. Vos encouragements et vos avis à tous m'aident à être meilleure.
RépondreSupprimereuh.. attendez; c'est fini comme ça?? pourquoi PA? pourquoi? lol
RépondreSupprimerjoliment ecrit
merci beaucoup raxtone
RépondreSupprimerEeh vous avez tué Mo, pourquoi, il avait été sage pourtant, le destin aurait du etre plus clement avec lui. très belle histoire. félicitations
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