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dimanche 31 juillet 2011

NOUVELLE: MEA CULPA...DE TANYA G


Il est fini, bel et bien fini le mois littéraire du Blog de Yehni Djidji. Que du bonheur, que de belles découvertes! Merci à tout ceux qui ont été fidèles. 
Merci à tout ceux qui ont accepté de se prêter  à mes interviews.
Merci à tous les auteurs qui ont pris de leur temps pour créer des histoires spécialement pour notre plaisir à tous. J'espère vraiment que des vocations sont nées.
Merci à Josué Guébo, Ayyahh, Daphney Tarek, Tanya G, Cedric Kissy, Shannen Rimphrey, Bee, PA, Symphonie, Luisiano N'Dohou...pour leur dynamisme. Vous retrouverez les petites histoires de Yehni au rythme habituel.

Nombreux sont ceux qui  ont réclamé des suites aux nouvelles parues pendant le mois littéraire. C'est bien cette ouverture, ce petit suspense à la fin, ce goût d'inachevé qui laisse la liberté à notre penser d'imaginer notre propre fin qui fait que la nouvelle après avoir été lue, continue de marquer l'esprit et de soumettre nos méninges à rudes épreuves, ouvrant même sur des débats houleux.

TANYA G, auteure de la nouvelle hautement appréciée EFFET DOMINO, relatant les péripéties de Serges maître chanteur improvisé à cause de la maladie de son père, a souhaité se plier aux désirs de ses lecteurs et offrir une fin à ce texte, intitulée MEA CULPA. A la prochaine édition!

Cette nuit encore, Serges avait été entretenu par l’insomnie, cette compagne qui vous livre à vous-même, vous contre vos hantises, seul contre vos appréhensions. Convoqué, Serges arriva à l’heure et surtout pas avant. Rare ce fut, de voir l’ensemble du personnel réunit de si bon matin.

            Alors que Denis Zakpa, le DG, ami proche du PCA et apprenti pasteur, entama sans tergiverser un sermon moralisateur à l’encontre de ce personnel d’impies qui avait transformé cette bonne office en bordel par leurs délits de copulation, fornication, et manipulation, l’on fit signe à Serges de se rendre à la salle de réunion où le PCA l’attendait. Les jambes tremblantes, il s’y rendit. En plus du PCA, il y avait la DAF, Herman, Cyril et Anita. Le PCA les avait tous conviés pour que la part de vérité de chacun puisse être entendue. L’opportunité d’un mea culpa à huis clos. C’était tout à fait caractéristique du PCA qui ne jugeait jamais sans écouter, puis discerner. Serges fut accueilli par un regard froid du PCA, signe de sa profonde déception à l’égard du jeune homme pour qui il avait une affection prononcée. Il avait été particulièrement impressionné par l’intelligence de ce technicien de surface qui était diplômé en sciences techniques.

            Pascal Konan prit la parole. « Bien. Herman m’a mis au fait de graves informations vous concernant tous. J’ai tenu à vous entendre en privé avant de statuer avec le DG. Serges, comment un technicien de surface se retrouve-t-il au centre d’une affaire de chantage ? »

« M. le PCA, je vous assure, cette intention n’a jamais été mienne, encore moins celle de vous décevoir. Vous le savez, j’ai pour vous un respect inaltérable. C’est par pure mésaventure, qu’hier j’ai surpris Madame votre épouse avec le chef comptable. Même à cet instant, l’idée d’un chantage m’étais étrangère. Si j’en suis arrivé là, c’est bien à cause de mon père qui est plus mort que vif, et dont les soins nécessitent urgemment 350.000 fcfa. Cet argent, je ne l’avais pas. Je ne l’ai toujours pas. Et mon père…est toujours entre ici et l’au-delà. » Herman avait purement et simplement annulé le virement des 500.000 fcfa dès qu’il eu vent de l’affaire.

Ne laissant transparaître sa compassion pour Serges, Pascal continua de sa voix rauque dans un ton cynique cette fois.

« Madame mon épouse, les faits de votre adultère sont sans équivoque. Serait-ce que le luxe dans lequel je vous fais vivre est si détestable que vous ayez eu besoin d’une cure de jouissance au travail ? »

« Pascal, n’en rajoute pas. Surtout pas ici ! »

« Je n’ajoute ni ne soustrais aux faits indéniables ! Mais défendez-vous si vous le pouvez encore madame. »

« C’est ça que je t’ai toujours reproché Pascal. Tu crois que l’argent suffit à tout. Avec ton argent, tu as couvert ma veuve de mère de pagnes et parures pour qu’elle me force à t’épouser alors que j’étais fiancée à un autre, moins riche, plus jeune et que j’aimais follement. Qu’est-ce que tu espérais ? Qu’en me couvrant à mon tour d’opulence, j’allais finir par t’aimer ? Mais monsieur mon époux laisse moi te dire qu’il n’y a sur cette terre aucune fortune capable d’acheter l’amour. »

« Hortense, si l’amour ne s’achetait pas, ton fameux fiancé n’aurait pas accepté l’argent que je lui ai proposé pour qu’il s’efface. Cet amour passionnel qu’il professait, il l’a gentiment tronqué contre 10 millions bien comptés ! »

Hortense fixait Pascal. La fureur dans les yeux, la rancœur jusque dans les poumons, elle rassemblait ses armes. Et elle dégaina ! Ce mea culpa venait d’emprunter une voie dangereuse. Une voie de non-retour.

« Avec tout l’argent que tu as, tu devrais t’acheter des scrupules Pascal !  Tu te fous royalement des autres et de leurs sentiments qui n’ont à tes yeux que des valeurs marchandes. Il n’y a que tes sentiments qui comptent puisque tu as le pouvoir d’achat. Tu es un piètre personnage, et je me suis jurée de te rendre la monnaie de tes achats… »

« Et donc, c’est pour te venger que tu me trompes avec un employé ? C’est ça ? »

« Pascal, je ne t’ai jamais aimé, je ne t’aime pas, et je ne t’aimerais pas. Je n’ai jamais eu l’intention de rester auprès de toi. Avec Cyril c’est bien plus qu’une aventure. C’est ma nouvelle vie ; une vie sans toi mais avec de l’amour ! » dit Hortense euphorique. Ce mariage c’était une prison, et elle préparait son départ depuis le premier jour.

Embarrassé, Cyril ne confirma ni n’infirma la déclaration d’Hortense. C’est Anita, dont on ne savait trop la raison de sa présence, qui s’esclaffa : « Mme Konan, si c’est Cyril le point de départ de votre nouvelle vie alors vous êtes mal barrée ! »

Cyril lui lança un regard menaçant, tandis qu’Hortense avait un gros point d’interrogation sur son visage.

« Ma pauvre belle-tante, il n’y a que toi qui ignore que Cyril est un tombeur en série récidiviste. Il t’a menti comme aux autres. » lança Herman avec une fausse compassion pour masquer son sarcasme. Il avait été étonnamment muet jusque-là, ne voulant pas attirer l’attention sur lui, surtout pas celle d’Hortense. Il parla pour enfoncer le clou sur la tête de cette dernière. Et il réussit.

            Hortense réalisait son illusion, le silence de Cyril en disait assez. Assurément, entre l’amour et elle il y avait désamour ! Son fiancé l’avait quittée pour de l’argent, et son amant feignait de l’aimer à cause de son argent. C’était l’ultime trahison. Elle savait les détournements de Cyril, ça faisait partie de son plan de vengeance. Cet argent aurait servi à leur nouvelle vie non sans laisser un trou béant dans les caisses de l’entreprise si chère au cœur de Pascal et ruiner le socle de sa fierté hautaine.

« Et tout l’argent que tu détournais alors ? » interrogea Hortense dégoûtée, décontenancée.

« Certainement vilipendé dans ses nombreux déjeuners galants ! » suggéra Anita.

« Je pense plutôt qu’il s’en servait pour acheter ses anti-rétroviraux, n’est-ce pas Cyril ? » supputa Herman qui tentait de se blanchir en salissant les autres. C’est de l’abondance de son cœur noir, qu’il parla, qu’il mentit à dessein.

« Quoi ??!! » s’exclamèrent Hortense et Anita à la pensée effroyable du pire qui les frôlait, et qui était peut-être déjà en elles.

« Venant d’un coagulé comme toi, ces vœux de malheur ne m’étonnent point. Je vis ma séro-négativité à fond— dit-il pour soulager ces dames. Mais pendant que nous y sommes, n’est-ce pas toi qui m’a très subtilement encouragé à séduire Hortense ? Tu t’étais fait l’avocat de l’épouse esseulée, enfermée, déprimée, malheureuse qu’elle était et m’avait prié de lui remonter le moral comme je sais si bien le faire. Et pour m’assurer que j’avais tout à y gagner, n’est-ce pas encore toi qui m’a dit « qu’est-ce que tu ne peux obtenir d’une femme que tu rends heureuse, qui plus est la DAF ? » » lâcha Cyril.

Tous les regards étaient maintenant tournés vers Herman dont on commençait à s’interroger sur les motivations. Hortense comprit plus vite que les autres. Une femme blessée qui n’a plus rien à perdre est dangereuse. Elle balance et déballe tous les secrets, les siens et ceux des autres. Herman avait négligé cet aspect au profit d’une attaque de front pour l’assommer en exposant sa liaison extraconjugale. Maintenant, c’est lui qui allait être exposé.

            Hortense relata une rencontre peu anodine datant de 2 semaines avant son mariage. Après que la décision de ce mariage lui fut imposée, elle s’était un soir rendue dans un bar pour noyer sa détresse intérieure, et enterrer sa liberté. C’est alors qu’elle fit la connaissance de ce charmant jeune homme tout aussi chagriné qu’elle et ils échangèrent sur les drames de leurs vies. Il avait un profond ressentiment à l’égard de son oncle qui ne lui reconnaissait pas sa valeur malgré tous ses efforts. Lui qui aspirait à une promotion était constamment relégué à des postes de second rang. Il attendait son heure de gloire, mais son oncle refusait de la lui donner. Au plus bas de sa frustration, il avait fini par contempler une alternative macabre qui allait le propulser à la tête de l’entreprise. Si son oncle qui était veuf et sans enfant venait à disparaître, il serait l’héritier direct…Inhibé par l’alcool, il partagea ses désirs morbides avec Hortense, la fille d’un soir. Elle aussi lui confia ses désirs d’une autre vie, une vie de liberté, d’amour et non pas ce mariage forcé avec un homme de 25 ans son aîné. Elle parla à cet inconnu, cet homme d’un soir avec toute sa franchise puisque bientôt elle allait devoir vivre dans le mensonge. Deux semaines plus tard, deux jours avant son mariage, Pascal la présenta à sa famille visiblement opposée à cette union. Quelle ne fut sa surprise de constater que le jeune homme du bar, qui appelait de sa convoitise secrète la mort de son oncle, n’était autre que le neveu de Pascal : Herman ! Herman était tétanisé devant celle qui bientôt serait sa belle-tante. Absolument, il se fallait qu’il trouve un stratagème pour sortir indemne de ce guet-apens du hasard. Pour se prémunir donc de la dénonciation d’Hortense et rentrer dans les bonnes faveurs de son oncle, il eut l’idée lumineuse de conseiller à Pascal de nommer Hortense comme DAF pour l’occuper et l’intégrer dans l’entreprise familiale. D’une pierre, il avait fait 2 coups de maître. De un, il devenait le seul membre de la famille empathique à Hortense. De deux, il apparaissait à son oncle comme altruiste et philanthrope—des qualités dignes d’un héritier—surtout que son ambition pour le poste de DAF était connue. La somme de ces 2 coups aida à dissuader Hortense qui voyait clair dans cette manœuvre pour acheter son silence. Néanmoins, reconnaissant en ce poste une pièce maîtresse dans son plan à elle, elle accepta.

            Herman n’était pas plus près de son objectif pour autant. Le mariage de l’oncle venait compliquer les choses. Si Pascal venait à mourir, c’est Hortense qui empocherait le pactole. Le vieux bougre avait fait la folie d’opter pour la communauté de bien, tout ça pour acheter et sa femme, et l’amour de celle-ci. C’est pour circonvenir à cela, qu’il se servit de Cyril. Connu pour ses indiscrétions, ses escapades avec Hortense allaient finir par se savoir. Et c’est sur ça qu’avait misé Herman. Le but était simple…Tout le monde avait compris. Mais au cas où, Cyril fit ce petit résumé : « Donc, si je comprends bien, Herman m’a utilisé pour séduire Hortense afin qu’elle se fasse surprendre et que le PCA divorce—aux torts exclusifs de madame—remettant ainsi Herman en pole position pour hériter ! »

La vérité, plus que les faits, était accablante. Sous son poids, Pascal s’était enfoncé dans son fauteuil. Il avait pris un sacré coup de vieux pendant cette petite heure. Sans mot dire, il se leva péniblement et se dirigea vers la porte. Avant d’en franchir le seuil, il se retourna et demanda : « Il faut combien déjà pour ton père Serges ? »

« 3…350.000 fcfa Monsieur » répondit-il hésitant.

Pascal fouilla dans ses poches intérieures et lui tendit 500.000 fcfa en espèces puis sortit. Le sermon de Denis Zakpa s’était transformé en exorcisation puis en évangélisation. Il s’arrêta à la vue de Pascal. Ils échangèrent quelques mots puis on libera le personnel. Pascal s’en alla à son rendez-vous.

            Tout ce temps, Serges avait fermé son téléphone portable. Il l’alluma puis appela sa mère pour s’informer de l’état de son père. Ça sonnait. 1 fois, 2 fois, 5 fois. Son cœur s ‘alourdissait un peu plus chaque seconde. «Oui….je suis à la clinique…le médecin dit que c’est juste une appendicite aigue... sa vie n’est pas en danger…» Serges poussa un ouf de soulagement. Ce docteur Séké alors ! On comprend mieux pourquoi il est docteur de quartier. Aucun hôpital sérieux ne le prendrait comme docteur celui-là.

Alors qu’il revenait de la clinique après avoir déposé la caution pour l’hospitalisation de son père, Serges fut informé de la nouvelle : le PCA a fait un infarctus juste après son rendez-vous.


PAR TANYA G

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